Comprendre les différences entre hôpitaux publics et cliniques privées à Mâcon

4 août 2025

À Mâcon, l’offre hospitalière s’articule principalement autour de deux acteurs majeurs :

  • Le Centre Hospitalier de Mâcon (hospitalisation publique), qui couvre la grande majorité des disciplines médicales et chirurgicales, notamment les urgences, la maternité, la médecine interne, la cancérologie, la rééducation et la psychiatrie. Il est le pivot du territoire pour l’accès à des soins complexes ou multidisciplinaires (CH Mâcon).
  • Les cliniques privées (notamment la Clinique du Val de Saône, Polyclinique du Val de Saône), à gestion commerciale ou associative, généralement centrées sur des spécialités médico-chirurgicales programmées (orthopédie, ophtalmologie, gynécologie, cardiologie interventionnelle, etc.).

À l’échelle du bassin mâconnais (environ 70 000 habitants sur le secteur), ces deux pôles collaborent, mais présentent des spécificités notables qui influencent le parcours de santé de chacun.

L’une des premières différences tient au statut de l’établissement, à son mode de gestion et à ses missions.

  • Hôpital public : Structure financée principalement par l’Assurance Maladie (plus de 90 % du budget, selon la FHF), avec un statut de service public de santé. Les missions couvrent les soins, l’accueil des urgences 24/24, la formation médicale, la recherche, ainsi que l’accès aux soins pour tous, y compris pour les patients « indigents » ou sans couverture sociale.
  • Clinique privée : La majorité des cliniques sont commerciales (SAS/SARL) ou associatives. Elles tirent leurs revenus de l’Assurance Maladie mais aussi d’honoraires complémentaires, hébergement, et prestations dites « confort ». Le privé se concentre sur les actes programmés et certains soins spécialisés, avec obligation de rentabilité économique ; l’accueil des urgences y est rare, voire absent.

Ce cadre détermine leur fonctionnement au quotidien et leur implication sur la « prise en charge globale » des patients avec pathologies lourdes ou situations sociales précaires.

  • Au public, le panel de soins est souvent plus large et la prise en charge des cas complexes systémique. Par exemple, le Centre Hospitalier de Mâcon gère la grande majorité des urgences (31 425 passages aux urgences en 2023 selon Les Echos, loin devant tout autre établissement local), la maternité (plus de 1900 naissances/an), des réanimations, la cancérologie, la dialyse, des soins palliatifs, etc. L’hôpital gère aussi des filières pluridisciplinaires (un même patient peut solliciter plusieurs spécialités au sein du même parcours).
  • Dans le privé, la spécialisation est plus marquée dans certains domaines « CMA » (Chirurgie, Médecine, Ambulatoire) : prothèses et chirurgie orthopédique, chirurgie de la main, ophtalmologie, actes programmés en gynécologie… Les hospitalisations sont plus courtes, très structurées autour de « parcours optimisés ».

Il est important de noter que les grossesses à risques, les urgences vitales ou la prise en charge des polypathologies relèvent quasiment toujours du public.

La question de l’urgence : un monopole public local… ou presque

À Mâcon, seul le Centre Hospitalier assure un service d’urgences adultes et pédiatriques 24 heures sur 24 (source : CH Mâcon). Les cliniques privées locales n’accueillent pas – ou de façon très exceptionnelle – les urgences non programmées.

  • La Polyclinique du Val de Saône, par exemple, n’a pas d’accueil « urgences » accessible sans préalable.
  • Une chirurgie orthopédique, un suivi de cataracte ou une endoscopie y seront toujours programmés à l’avance et sur orientation médicale.

En cas d’accident ou de problème aigu, le réflexe doit donc rester l’hôpital public.

Pour un patient, ce qui différencie le plus son expérience – au-delà des plateaux techniques – concerne souvent l’accès au soin, la rapidité pour obtenir un rendez-vous, le parcours administratif et la coordination.

  • Au CH de Mâcon, tout usager peut être admis – avec ou sans complémentaire – en médecine, chirurgie, obstétrique, psychiatre, SSR, etc. Les admissions relèvent soit de l’urgence, de convocations, soit de demandes de médecins traitants. Les délais peuvent être longs pour certaines spécialités très sollicitées (cardiologie, dermatologie).
  • Dans les cliniques privées, l’admission se fait exclusivement sur rendez-vous, le plus souvent par orientation du médecin de ville ou spécialiste. Les temps d’attente sont parfois plus courts pour des interventions non urgentes (par exemple : chirurgie de la cataracte, prothèses de genou). Les délais pour une coloscopie ou une chirurgie programmée sont en général compris entre 3 et 6 semaines (source FHP Bourgogne Franche-Comté).

La notion de « liberté de choix » prévaut : il est possible de demander un transfert public/privé selon les besoins médicaux ou logistiques, sous réserve de place disponible.

Le public et le privé diffèrent notablement quant à l’organisation quotidienne des soins et le fonctionnement des équipes :

  • À l’hôpital public : la permanence médicale et soignante est assurée 24h/24, avec chaînes de gardes, présence de médecins titulaires, internes, équipes paramédicales renforcées, astreintes spécialisées. Cela offre une prise en charge ininterrompue, quels que soient les jours fériés ou la gravité des cas. En revanche, le rythme de travail dans le public est contraignant (sous-effectif chronique, difficultés de recrutement).
  • En clinique privée : la majorité des interventions se concentrent en « horaires de bureau » (8h-18h). Les soins de nuit ou de week-end sont souvent délégués à des médecins d’astreinte ou des équipes réduites. L’environnement est perçu comme moins « hospitalier », plus « hôtelier » : chambres individuelles, restauration et services annexes payants.

Il n’est pas rare qu’un même médecin exerce dans les deux secteurs à Mâcon : sur les 1300 médecins généralistes et spécialistes basés sur la Saône-et-Loire, 24 % travaillent dans un double exercice (source : URPS Médecins Libéraux BFC).

Y a-t-il un risque de payer plus en privé ? Voici les principales différences pour l’usager :

  1. À l’hôpital public : le coût des soins est pris en charge par l’Assurance Maladie (sauf forfait journalier de 20€ et chambre particulière, sauf prise en charge complémentaire). Les praticiens sont fortement encadrés quant aux dépassements d’honoraires (la plupart sont en secteur 1). Il n’y a pas de « supplément obligatoire » pour les actes.
  2. En clinique privée : il existe souvent des dépassements d’honoraires, variables selon l’acte, le praticien (secteur 2 ou « à honoraires libres »), et la chambre individuelle, les prestations de confort sont facturées en sus. Une hospitalisation pour chirurgie peut donc coûter plus cher (reste à charge moyen constaté : 230€ en Bourgogne selon UFC Que Choisir 2023), voire plus si la mutuelle ne couvre pas entièrement.

Déjà 86 % des séjours hospitaliers en clinique privée sur la région impliquent un dépassement (source : DREES). À noter : pour les soins d’urgence ou en cas d’Affection Longue Durée (ALD), la différence de prix s’atténue, mais peut perdurer pour certains soins annexes.

Prise en charge sociale et situations de vulnérabilité

L’hôpital public est le « réceptacle naturel » des situations fragiles : publics précaires, patients isolés, sorties d’urgences sans famille ou tiers, point d’accès au droit, dispositifs d’aide sociale. Les assistantes sociales y sont présentes en continu, ce qui n’est généralement pas le cas dans les cliniques privées.

Le retour à domicile, la rééducation ou le suivi des malades chroniques s’organise aussi différemment selon les établissements :

  • À l’hôpital public : le suivi et la coordination post-hospitalière font partie intégrante du parcours (réseau de soins à domicile, prise de rendez-vous médicaux, organisation de la rééducation, inclusion possible dans des programmes pluridisciplinaires). Les équipes sont en lien direct avec les acteurs du territoire (réseaux gérontologiques, HAD, SSIAD, structures médico-sociales).
  • En privé : la sortie est souvent plus rapide et la responsabilité du suivi incombe davantage au médecin traitant ou à des réseaux nouvellement créés. La coordination ville-clinique reste en développement : différentes initiatives voient le jour à Mâcon et dans le Val de Saône via les CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé), mais la continuité de l’accompagnement est variable.

Pour une personne âgée ou en situation de handicap, le choix du secteur peut donc conditionner le niveau d’anticipation et d’accompagnement au retour à la vie quotidienne.

Les différences de perception entre public et privé à Mâcon existent, mais elles ne signifient pas que l’un ou l’autre serait « meilleur ». Selon les derniers indicateurs publiés par la Haute Autorité de Santé :

  • Le CH de Mâcon obtient un taux de satisfaction global de 84% chez les patients en 2023, et la Polyclinique du Val de Saône 87% (HAS, 2023).
  • L’infection nosocomiale concerne moins de 2% des patients à Mâcon, soit des chiffres conformes aux standards nationaux, tant en public qu’en privé (enquête ICALIN).
  • Les innovations médicales se diffusent dans les deux secteurs, souvent plus vite dans le privé (robotique chirurgicale, bloc ambulatoire, téléconsultation), mais avec des capacités d’extension plus larges dans le public pour des prises en charge populationnelles.

Face à ces constats, voici quelques points-clés à retenir pour les habitants du Mâconnais :

  • Préférence pour le public : pour les urgences, la maternité, les maladies chroniques complexes, la psychiatrie ou la situation de vulnérabilité sociale.
  • Orientation vers le privé : pour une intervention chirurgicale programmée, la recherche d’un séjour court, la limitation du temps d’attente dans certaines spécialités, ou pour bénéficier d’un « séjour confort ».
  • Coût réel : bien vérifier les éventuels dépassements (demander un devis systématique en clinique privée), surtout en absence de couverture complémentaire optimale.
  • Continuité de soins : privilégier le public pour un suivi coordonné complexe, le privé pour des soins ciblés nécessitant moins de relais médico-social.

Mâcon vit depuis quelques années une recomposition de son offre de soins, avec une complémentarité affirmée mais aussi des défis de maillage territorial (fermeture de lits, évolution démographique, coordination ville-hôpital en voie d’amélioration). Les initiatives telles que le GHT (Groupement Hospitalier de Territoire), la CPTS Mâcon Val de Saône et les développements en e-santé visent à fluidifier les parcours.

  • Pour mieux s’orienter : consulter le site Santé.fr ou la CPTS Mâcon Val de Saône
  • Pour un devis ou l’évaluation des restes à charge : se renseigner auprès du service administratif avant toute admission
  • Pour les situations complexes : s’adresser au service social du CH de Mâcon, ou demander l’appui d’un réseau de coordination (RésoSanté, Réseau Gérontologique, etc.)
  • Pour approfondir : rapport annuel de la FHF, statistiques ARS Bourgogne-Franche-Comté (ARS BFC), observatoire régional de la DREES.

La diversité de l’offre hospitalière sur Mâcon est à la fois une chance et un enjeu : chaque choix dépend du contexte de soins, de la situation individuelle et du degré d’accompagnement nécessaire. S’informer, questionner et solliciter les acteurs locaux reste la clé pour bénéficier du bon soin, au bon moment, le plus près de chez soi.

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