Accessibilité des centres de santé à Mâcon : état des lieux et perspectives pour les personnes en situation de handicap

19 octobre 2025

L’accessibilité des soins pour les personnes en situation de handicap est à la fois une exigence légale, une question de dignité et un pilier de l’équité en santé. À Mâcon, ville au carrefour de trois régions, la diversité de l’offre de soins est réelle, mais l’accès pour les publics vulnérables demeure un défi quotidien. Les besoins sont multiples : accès physique aux bâtiments, communication adaptée, accueil personnalisé, coordination avec les aidants et continuité des parcours de soin.

Selon l’INSEE, près de 18 % des Mâconnais déclarent être affectés par une limitation temporaire ou durable due à un handicap ou à une maladie chronique. Ce chiffre reflète l’importance de l’enjeu pour les habitants du bassin mâconnais et oblige à examiner la capacité des centres de santé à répondre à cette demande.

À Mâcon, le terme “centre de santé” regroupe différentes structures :

  • Les centres de santé polyvalents (et notamment le Centre de Santé de la Mutualité Française, avenue Charles de Gaulle)
  • Les maisons de santé pluriprofessionnelles, telles que celle de Bioparc ou les maisons médicales satellites du centre-ville
  • Les cabinets collectifs regroupant médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes, et spécialistes

Chacune de ces structures a des obligations en matière d’accessibilité, mais leurs niveaux d’équipement varient considérablement.

Depuis la loi du 11 février 2005, l’accessibilité est un droit fondamental. Les établissements recevant du public (ERP), dont tous les centres de santé, doivent être accessibles à tout type de handicap : moteur, visuel, auditif, mental ou psychique. Cela implique notamment :

  • Des rampes ou planchers adaptés, ascenseurs fonctionnels, portes larges et sanitaires adaptés pour les personnes en fauteuil roulant
  • Un affichage lisible, éventuellement en braille ou renforcé par des pictogrammes
  • Des systèmes d’alerte et de communication sonore et visuelle

Cependant, selon les données du baromètre annuel APF France Handicap (source), seuls 56 % des cabinets médicaux en France étaient entièrement accessibles aux personnes à mobilité réduite en 2022, et la situation progresse lentement.

Sur le bassin mâconnais, la plupart des centres récents (construits ou rénovés après 2012) respectent globalement les normes d’accessibilité. La Maison de Santé Bioparc, par exemple, bénéficie d'un accès de plain-pied, d'un ascenseur large et de places de parking réservées tout près de son entrée.

Mais d’autres structures, notamment situées dans le centre historique, rencontrent plus de difficultés :

  • Certains cabinets n’ont pas d’ascenseur pour accéder à l’étage.
  • L’étroitesse des couloirs ou la configuration ancienne des bâtiments compliquent la circulation en fauteuil.
  • L’absence d’aménagements spécifiques pour le handicap sensoriel est fréquente (absence de dispositifs d’amplification sonore, pas de boucle magnétique à l’accueil, etc.).

Un relevé réalisé en 2023 par le Collectif Handicap 71 indique qu’à Mâcon, moins de 70 % des professionnels de santé libéraux disposent d’une salle d’attente et de cabinets vraiment accessibles.

L’accessibilité ne se limite pas à la porte d’entrée. De nombreux usagers mettent en avant d’autres besoins :

  • Communication adaptée : Pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques ou présentant une déficience intellectuelle, l’accès à une information compréhensible et à des interlocuteurs formés est crucial.
  • Accueil et formation de l’équipe : La bienveillance ne suffit pas toujours : il faut une réelle formation au handicap, à l'accueil des aidants, et parfois à l’utilisation d’outils spécifiques.
  • Temps de consultation adaptés : Accueillir une personne avec autisme, une sclérose en plaques évoluée, ou des troubles cognitifs, demande parfois plus de temps, ce qui est rarement anticipé.

Des associations locales, telles que l’APAJH 71, proposent régulièrement des ateliers de sensibilisation pour les soignants mais la demande de formation reste forte sur le territoire.

Malgré les obstacles encore présents, Mâcon voit émerger des projets locaux porteurs d'espoir.

  • Consultations spécifiques “handicap” : certains centres, comme le pôle de santé publique du Centre Hospitalier de Mâcon, organisent régulièrement des créneaux de consultation adaptés (avec double temps, présence d’un aidant possible, soutien d’un interprète LSF sur demande préalable).
  • Accompagnement vers le soin : le service de “médiation santé” de la MDPH 71 propose aux personnes isolées un accompagnement individuel lors des rendez-vous médicaux, pour sécuriser le déplacement et faciliter le dialogue avec le praticien.
  • Initiatives associatives : des structures comme “Handi Val de Saône” testent des partenariats avec des taxis ou services de transport adapté pour simplifier l’accès géographique aux soins.

On note aussi une montée en puissance du numérique : certains centres commencent à proposer la prise de rendez-vous en ligne adaptée (sites accessibles aux lecteurs d’écran, possibilité de demander une consultation avec traduction LSF ou simple communication par SMS pour les suivis).

Plusieurs freins restent à surmonter :

  1. Non-conformité persistante : malgré les obligations, des espaces restent inadaptés, en particulier dans l’ancien.
  2. Clarté de l’information : rares sont les structures qui signalent clairement leur accessibilité (au niveau du site web, du répondeur téléphonique, etc.).
  3. Formation insuffisante : peu de soignants sont formés à la spécificité de certains handicaps (autisme, polyhandicap, handicap psychique).
  4. Temps de déplacement : la densité géographique oblige parfois à de longs trajets pour trouver un professionnel accessible – avec des complications accrues pour les personnes isolées ou sans solution de mobilité.

Les chiffres fournis par la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques, ministère de la Santé) rappellent que la proportion des personnes en situation de handicap ayant renoncé à un soin pour des raisons d’accessibilité reste de 15% en Bourgogne-Franche-Comté – au-dessus de la moyenne nationale (13%).

Pour les usagers ou aidants cherchant des solutions adaptées, plusieurs points d’appui existent localement :

  • MDPH 71 (site officiel) : guichet unique pour l’accompagnement du handicap
  • Collectif Handicap 71 : relais associatif, expertise-accessibilité, conseils personnalisés
  • APF France Handicap 71 : dispositif vigilance accessibilité, recensement des professionnels de santé accessibles
  • Handi Val de Saône : accompagnement individuel, conseils mobilité, soutien aux démarches de soins

Plusieurs centres de santé mettent également en place un “référent accessibilité”, contact affiché à l’entrée et sur leur site internet, chargé d’orienter les usagers et de recueillir les retours d’expérience.

La démarche d’accessibilité à Mâcon avance, sous l’impulsion de la société civile et des pouvoirs publics. Des projets sont en cours d'étude, notamment un “diagnostic accessibilité santé” coordonné par la Communauté d’Agglomération et l’ambition de lancer une plateforme numérique signalant à la fois l’offre de soins et le niveau d’accessibilité (plans d’accès, visuels, points forts et limites).

Le paysage évolue donc rapidement, avec des professionnels de santé globalement conscients des enjeux mais des marges de progrès importantes. L’implication des personnes concernées, des aidants et des associations dans le dialogue avec les structures de santé est cruciale pour bâtir des solutions réellement inclusives.

Pour toute démarche, l’information locale, le retour d’expérience des usagers et l’accompagnement personnalisé restent indispensables. Cela permet de dépasser le simple respect de la norme pour tendre vers un accueil humain, respectueux et adapté à chaque situation.

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