La question de l’accessibilité des établissements de santé aux personnes en situation de handicap est plus que jamais au cœur des préoccupations nationales et locales. À Mâcon, l’accueil et la prise en charge des patients en situation de handicap par les cliniques privées sont des enjeux majeurs, tant sur le plan éthique que pratique. Si le cadre législatif s’est durci ces dernières années, la réalité de terrain n’est pas toujours homogène. Qu’en est-il concrètement à Mâcon ? Qui peut aider ? Quelles démarches prévoir ?
L’accessibilité des Établissements Recevant du Public (ERP), y compris les cliniques privées, est encadrée par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances. Depuis 2015, tous les ERP doivent respecter des normes d’accessibilité : largeur des portes, rampes d’accès, sanitaires adaptés, ascenseurs, signalétiques tactiles ou en braille.
- En France, selon une enquête Drees 2023, 87 % des cliniques privées étaient a minima partiellement conformes à ces exigences, mais seulement 62 % déclaraient un parcours totalement accessible pour tous les handicaps (source : Drees).
- À Mâcon, aucune clinique privée ne figure sur la liste des ERP sous dérogation pour refus d’accessibilité (donnée Préfecture Saône-et-Loire, 2024).
Mais la conformité ne dit pas tout sur la réalité vécue, entre accessibilité physique, sensorielle ou cognitive.
Mâcon compte aujourd’hui trois principales cliniques privées : la Clinique du Val de Saône, la Clinique du Grand Sud et la Clinique du Parc. Chacune accueille chaque année plusieurs centaines de patients, dont une part significative en situation de handicap, temporaire ou durable.
Quelles adaptations retrouvées sur place ?
- Accès au bâtiment : Toutes les cliniques disposent d’au moins une rampe d’accès et d’un ascenseur. Les portes automatiques sont généralement présentes à l’entrée principale (constats lors des journées portes ouvertes 2023-2024 et sources institutionnelles).
- Sanitaires adaptés : Chacune possède plusieurs WC conformes PMR (personnes à mobilité réduite) aux normes 2015 : largeur suffisante, barres d’appui, signalisations contrastées.
- Signalétique : Efforts récents sur la signalétique visuelle – pictogrammes agrandis, couleurs vives ; quelques essais de signalétiques en braille ou en relief, mais pas systématiques.
- Stationnement : Chaque clinique offre des places de parking réservées PMR, proches des entrées (nombre conforme à la réglementation fixée à 2 % du total, au minimum 1 place).
- Accueil et prise en charge : Les secrétaires et brancardiers suivent régulièrement des formations à l’accueil de patients en situation de handicap (y compris troubles cognitifs et sensoriels, selon les informations recueillies lors des échanges avec le réseau RésoSanté).
Des initiatives à souligner
- Certains établissements ont mis en place des fiches d’accueil personnalisées permettant de communiquer les besoins spécifiques avant la visite (ex: besoin de boucles magnétiques pour malentendants).
- La Clinique du Val de Saône expérimente un service d’interprétariat en langue des signes sur demande préalable (testé auprès de 14 patients en 2023).
- Permanences d’information annuelles organisées en partenariat avec des associations locales comme APF France handicap 71.
L’accessibilité ne se limite pas au fauteuil roulant. La loi française reconnaît quatre grandes familles de handicap : moteur, sensoriel (vision, audition), psychique/cognitif et maladies invalidantes. Chacune induit des besoins spécifiques.
- Handicaps moteurs : la mobilité réduite nécessite des cheminements sans marche, rampes, ascenseurs, portes larges, mais aussi ajustements dans les zones d’attente, les salles de consultation, et possibilité d’être accompagné.
- Déficiences visuelles ou auditives : adaptation de la signalétique (contraste, taille, braille), boucles magnétiques à l’accueil ou en salle d’attente, appels visuels et sonores, accompagnement renforcé.
- Handicap psychique/cognitif : importance de l’accueil bienveillant, d’informations simplifiées, d’un environnement rassurant et de la possibilité d’être accompagné par un proche ou un mandataire.
En 2021, la Drees estimait qu’environ 18 % de la population française souffrait d’un handicap reconnu, dont la moitié présentaient des limitations sévères dans l’accès aux soins (source : Drees, Handicap-Santé 2021). À Mâcon, le chiffre des bénéficiaires de la MDPH 71 était autour de 6 200 personnes en 2023.
Malgré les progrès réalisés, les témoignages et observations de terrain font apparaître encore plusieurs obstacles :
- Stationnement et accès : en cas de forte affluence, les places réservées PMR sont parfois rapidement saturées.
- Noeuds logistiques : certains circuits à l'intérieur du bâtiment présentent des pentes ou couloirs étroits (notamment dans les ailes anciennes, voir le rapport CDAPH 2022 Saône-et-Loire), ralentissant ou compliquant la circulation des fauteuils roulants.
- Signalétique et compréhension : L’information n’est pas toujours adaptée pour les personnes malvoyantes ou présentant des difficultés cognitives : absence de supports en facile-à-lire et à comprendre (FALC), guides audio ou marquages au sol tactiles.
- Temps d’accueil : en période de forte activité, les accompagnants ou interprètes ne sont pas toujours disponibles rapidement, et les équipes ne peuvent pas systématiquement prévoir l’adaptation du temps de consultation.
- Communication et orientation : certains patients regrettent le manque d’informations facilement accessibles en amont sur les sites web ou au téléphone concernant les dispositifs spécifiques d’accueil.
Un point souvent souligné : le premier contact téléphonique ou physique avec le secrétariat reste déterminant pour préparer dans de bonnes conditions la venue d’un patient en situation de handicap. Des efforts récents sont menés pour former les équipes à cet accueil spécifique (retour d’expérience réseaux RésoSanté et partenaires associatifs).
La force d’un territoire comme le Mâconnais réside dans le maillage de relais entre structures sanitaires, associations et services sociaux. Plusieurs outils et dispositifs d’aide à l’orientation existent :
- MDPH 71 (Maison Départementale des Personnes Handicapées) : interlocuteur clé pour toute question d’orientation, de droits aux transports adaptés, ou de projet de santé individualisé (Tel : 03 85 42 21 00).
- APF France handicap – Délégation Saône-et-Loire : accompagnement, médiation, conseils en accessibilité, retours d’expérience sur la vie locale.
- Fédération française des DYS et UNAPEI (handicap cognitif/mental) : conseils, fiches pratiques pour préparer les soins et consultations spécialisées.
- Guides d’accessibilité en ligne : de nombreux guides “Handicap & santé” sont publiés par la CPAM 71, la ville de Mâcon et collectés sur le site de la mairie ou sur Acceslibre (service référençant les établissements accessibles partout en France).
D’autres dispositifs, comme le Passeport Santé Handicap (expérimenté localement depuis 2022 – source : CHU Dijon), permettent de préparer des parcours médicaux plus fluides et personnalisés.
L’accessibilité est un processus continu, et certains axes d’amélioration sont régulièrement évoqués lors des commissions communales d’accessibilité et par les réseaux professionnels :
- Numérisation de l’accueil : développement de modules de prise de rendez-vous précisant les besoins de compensation (accompagnement, transport, interprétariat, signalétique adaptée).
- Formation continue des personnels : sensibilisation renforcée au handicap invisible et à la communication avec les publics DYS ou avec troubles psychiques (exemples de bonnes pratiques issues de la clinique mutualiste de Lyon).
- Renforcement de la signalétique universelle : généralisation du braille, des marquages tactiles, des guides audio, adaptation à tous les handicaps et pas seulement à la mobilité.
- Co-construction avec les usagers : implication directe d’associations et de patients experts dans tous les nouveaux projets de rénovation ou d’extension des espaces.
L’exemple de la Clinique de Saint-Étienne (Loire) montre l’effet positif d’un partenariat étroit et permanent avec le comité local d’usagers en situation de handicap pour repenser l’accueil, depuis le parking jusqu’aux blocs opératoires.
Mâcon dispose d’un tissu médico-social actif et d’établissements dynamiques, mais le parcours d’une personne en situation de handicap reste une véritable épreuve d’endurance. Les efforts déjà fournis sont notables, mais l’accessibilité ne doit pas être pensée comme un objectif ponctuel, plutôt comme une démarche constante d’amélioration.
Les initiatives fleurissent, et des réseaux associatifs veillent à ce que la parole des usagers soit prise en compte. Poursuivre la formation des personnels, renforcer l’accessibilité de bout en bout, et mieux informer en amont sont des étapes essentielles pour garantir à chacun un accès égal et digne à la santé, ici, dans le Val de Saône.
Pour aller plus loin : consultez la page dédiée à l’accessibilité sur le site de la mairie de Mâcon, les ressources de la MDPH 71, ou échangez avec les associations locales listées dans notre annuaire sur RésoSanté Val de Saône.
