Psychiatre et psychologue à Mâcon : comprendre leurs rôles dans les établissements de santé

31 octobre 2025

Les problématiques de santé mentale ne cessent de croître partout en France, et la région de Mâcon n’y échappe pas. D’après le rapport de l’Agence Régionale de Santé Bourgogne-Franche-Comté (données 2023), près d'un habitant sur cinq déclare avoir déjà ressenti un mal-être psychique significatif au cours de l’année, alors même que l’offre de santé mentale demeure insuffisamment comprise et souvent mal identifiée par les habitants. Les établissements de santé publics et privés à Mâcon (Centre Hospitalier de Mâcon, cliniques, structures médico-sociales, etc.) jouent un rôle central dans la réponse à ces besoins, en mobilisant des professionnels complémentaires : notamment les psychiatres et les psychologues.

Mais quelles sont précisément les missions de ces deux acteurs essentiels ? Comment s’articulent-elles ? À qui s’adresser selon la situation ? Ce guide éclaire le fonctionnement concret de la prise en charge psychique à Mâcon, ainsi que la place que tiennent ces professionnels dans les parcours de soins locaux.

Le psychiatre : un médecin spécialiste

  • Formation : Diplômé de médecine (doctorat + spécialisation en psychiatrie, soit 11 ans d’études en moyenne).
  • Compétences : Diagnostic, prescription de médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques…), suivi médical de pathologies lourdes (schizophrénie, troubles bipolaires, dépressions sévères, etc.).
  • Actes pratiqués :
    • Consultations médicales (en établissement, en CMP – Centre Médico-Psychologique, ou à l’hôpital de jour).
    • Hospitalisation à temps complet ou partiel si nécessaire.
    • Décision d’internement sous contrainte (rare et très encadrée par la loi).
  • Rôle clé dans la coordination : Participe très étroitement au travail d’équipe avec infirmiers, assistants sociaux, psychologues et éducateurs spécialisés.

En France, selon la DREES (Ministère de la Santé, 2022), 26 000 psychiatres sont en exercice – mais l’offre reste mal répartie et certains territoires comme le sud de la Saône-et-Loire connaissent une densité faible (de l’ordre de 7 à 8 pour 100 000 habitants, contre plus de 20 à Paris).

Le psychologue : un expert du fonctionnement psychique

  • Formation : Master 2 en psychologie à l’université (bac+5), qui permet une spécialisation (clinique, développement, neuropsychologie, etc.).
  • Compétences : Bilan psychologique (tests, entretiens, passation de questionnaires), accompagnement psychothérapeutique (entretiens, soutien individuel, groupes de parole, interventions familles).
  • Actes pratiqués :
    • Entretiens cliniques et psychothérapies (mais pas de prescriptions médicamenteuses ni d’actes médicaux).
    • Prévention, évaluation du fonctionnement psychique, repérage des troubles du comportement, soutien adapté selon l’âge (enfant, adolescent, adulte, personne âgée).
    • Programme d’accompagnement pour troubles spécifiques (TCA, phobies, etc.)

À Mâcon, les psychologues interviennent en établissements hospitaliers, associations, centres médico-psychologiques (CMP), instituts médico-éducatifs, maisons d’enfants ou encore dans des dispositifs de soutien à la parentalité comme le Point Accueil Écoute Jeunes.

À Mâcon, le Centre Hospitalier (CHM) reste aujourd’hui le pivot de la prise en charge psychiatrique, secondé par le secteur associatif et les structures de psychiatrie libérales. L’articulation entre psychiatre et psychologue varie selon le service : urgences, filière adulte, infanto-juvénile, addictologie, personnes âgées (psycho-gériatrie).

Établissement / service Rôle du psychiatre Rôle du psychologue
Centre hospitalier de Mâcon (secteur psychiatrique adulte)
  • Diagnostic, prescription, suivi médical
  • Gestion des hospitalisations
  • Gestion des situations complexes (crise suicidaire, urgence)
  • Entretiens individuels et de groupe
  • Bilan psychologique
  • Soutien psychothérapeutique
CMP (Centre Médico-Psychologique)
  • Évaluation médicale
  • Coordination pluriprofessionnelle
  • Entretiens de soutien
  • Actions de prévention, évaluation
Pôle infanto-juvénile
  • Suivi des enfants avec troubles sévères
  • Prescriptions si nécessaire
  • Bilan développemental
  • Rencontres familles
Clinique privée (ex. Clinique Conversion)
  • Évaluation diagnostics, traitements
  • Entretiens individuels/confidentiels
  • Programmes spécifiques (TCA, addictions)
  • Un psychiatre :
    • Si les troubles psychiques impactent profondément la vie quotidienne : dépressions sévères, idées suicidaires, hallucinations, troubles du comportement alimentaire majeurs, addictions avec perte de contrôle, etc.
    • Lorsque l’avis médical (prescription, arrêt de travail, hospitalisation) s’impose.
    • En situation d’urgence psychiatrique (ex: passage à l’acte suicidaire).
  • Un psychologue :
    • Pour du soutien face à des difficultés existentielles, familiales, scolaires ou professionnelles.
    • Quand il s’agit de mieux comprendre et dépasser un mal-être diffus, une anxiété, une souffrance psychique, un deuil, un burn-out.
    • Pour un accompagnement thérapeutique non médical, incluant souvent des approches variées (TCC, soutien familial, relaxation, entretien motivationnel…)

À retenir : En pratique, la première évaluation (entretien, orientation) peut être réalisée par les deux métiers selon les structures. Au CHM de Mâcon, un patient arrivant via les urgences verra presque systématiquement un psychiatre en premier, assisté par l’équipe de psychologues.

L’une des caractéristiques majeures relevée à Mâcon – et encouragée par la Haute Autorité de Santé (HAS) – est la complémentarité au sein des équipes. Voici comment cela se traduit concrètement :

  1. Évaluation multidisciplinaire : Psychiatres, psychologues, infirmiers, assistants sociaux et éducateurs se concertent lors de réunions de synthèse pour adapter le projet de soin à chaque patient.
  2. Parcours fluide : Les patients bénéficient selon leurs besoins, soit d’un suivi médical par le psychiatre, soit d’un accompagnement psychothérapeutique par le psychologue, souvent en alternance ou en parallèle.
  3. Partage d’expertise : Échanges réguliers lors de staff, interventions croisées, possibilité de passer d’un type de suivi à l’autre.

Ce modèle améliore la qualité de la prise en charge, limite les « ruptures de parcours » (enjeu majeur identifié par Santé Publique France) et renforce la coordination ville-hôpital, notamment grâce aux consultations avancées en CMP, maisons de santé et dispositifs d’appui comme le Réseau Santé Mentale du Val de Saône.

En dehors du Centre Hospitalier, plusieurs dispositifs de proximité œuvrent pour la santé mentale :

  • CMP Mâcon adultes et enfants : consultations sur rendez-vous gratuites, orientation possible via un médecin traitant ou le CHM. Tel : 03 85 91 66 90.
  • Permanences d’Accueil, d’Écoute et d’Orientation (PAEOP) : pour les jeunes et familles, anonymat préservé. Certaines associations (UNAFAM, Groupement Solidaire Addictions, etc.) proposent aussi des groupes de parole.
  • Réseau santé mentale Val de Saône : accompagne familles et professionnels dans la recherche de solutions, l’orientation ou la prise de relais en l’absence de structure adaptée.
  • Psychologues libéraux : accessibles sans ordonnance, mais généralement hors parcours de soins remboursés – sauf quelques dispositifs conventionnés (MonParcoursPsy).

Selon l’INSEE (2021), la catégorie des professionnels "psychologues et professions assimilées" a augmenté de plus de 30% en dix ans à Mâcon et dans son agglomération, témoignant d’une prise en compte grandissante des enjeux psychiques au niveau local.

  • En Bourgogne-Franche-Comté, le délai moyen pour un premier rendez-vous avec un psychiatre dans le secteur public est de 45 à 60 jours, alors qu’aucun délai réglementaire n’existe pour rencontrer un psychologue dans le privé (source : ARS 2023).
  • Les femmes représentent 72% des patients du secteur psychiatrique adulte à Mâcon, proportion supérieure à la moyenne nationale (source : Observatoire Régional de la Santé 2022).
  • La crise Covid a accru les besoins : le CHM note +40% de passages aux urgences psychiatriques entre 2019 et 2022 (source : CHM, données internes).

Face au manque de psychiatres à l’échelle nationale, de nouveaux dispositifs sont expérimentés : téléconsultations, partenariats avec le secteur associatif, interventions des équipes mobiles de psychiatrie qui se déplacent au domicile ou en établissements sanitaires/médico-sociaux pour garantir une continuité de l’accompagnement.

Les structures de Mâcon poursuivent leurs efforts d’innovation, tout en plaidant pour une meilleure articulation entre psychiatre, psychologue et acteurs de la vie locale (maison de santé, mairie, associations, etc.). Faciliter ce repérage, offrir une information claire et orienter efficacement chaque usager sont des défis au cœur de l’organisation de la santé mentale à Mâcon.

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